Le 10e bataillon de chasseurs à pied
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Historique sous le IInd Empire et la République
Le 10e bataillon de chasseurs est créé en 1840. Il est en Algérie de 1841 à 1848, participant notamment à la bataille d'Isly en 1844. Il est au corps d'occupation des Etats pontificaux de 1853 à 1854.
Le bataillon est envoyé en Orient de 1854 à 1856, où il se distingue au siège de Sébastopol (combat du cimetierre - avril 1855 et devant le fort de la quarantaine en mai 55).
Il participe à la campagne d'Italie, à Melegnano et surtout à Solférino où le sergent Garnier prend le drapeau du 60e régiment autrichien : Pour ce fait d'arme, le drapeau des chasseurs à pied est décoré de la légion d'honneur.
Envoyé en Algérie en 1864, il se distingue le 30/9/1864 au combat d'El Beïda.
Revenu en France en 1870, il est affecté au 2e corps de l'armée de Metz. Il y fait la bataille de Spicheren où il défend héroïquement le Rotherberg au prix de 215 des siens.
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Charles Louis Urbain Marie Deleuze Né le 23/12/1810 à Versailles, ce Saint Cyrien de la promotion de 1829 est nommé Sous Lieutenant à cette date. Il est Capitaine le 17/1/1841 et rejoint le
2e bataillon de chasseurs lors de la création de l'arme des chasseurs à
pied (ou chasseurs d'Orléans, en mémoire du fils du roi Louis Philippe).
Promu Chef de bataillon le 7/3/1855, il
passe au 4e régiment d'infanterie. Il retourne alors en Algérie en 1859 et
est nommé officier de la Légion d'Honneur le 15/8/1860 ("32 ans de
service effectif, 7 campagnes"). Il fait alors campagne en
Kabylie. Daguerreotype de Vaillat (Palais Royal - Paris) |
Jean César Achille
Schenck Né le 4/5/1830 à Uzès (Gard), c'est le
fils d'un officier supérieur, originaire du Hanovre, qui a servi la France
sous l'Empire. Le 10/8/1868, il est promu Chef de bataillon au 71e régiment
d’infanterie et le 8/12/1869, il est fait commandeur de 2e
classe de l’Ordre de Philippe le Magnanime par le grand duc de Hesse
Darmstadt, ordre qu'il porte au cou sur la photo ci
contre. Cette action, la défense de l'éperon du
Rotheberg, a été decrite par Dick de Lonlay dans son style inimitable :
"Les
défenseurs de la tranchée n'y trouvent plus qu'une protection illusoire.
Pendant une heure, le 10e bataillon de chasseurs se trouve sous la plus
effrayante averse de projectiles que l'on puisse imaginer. Il tombe sur
l'étroite crête du Rotheberg environ un obus par seconde, et la première
tranchée n'est plus tenable. On ne voit rien, tellement la fumée est
intense, mais chaque chasseur s'abrite le mieux qu'il peut, afin de tirer
sur l'ennemi à la première éclaircie. Seul, le brave commandant Schenck
dédaigne ce stratagème. Il reste debout sur son cheval, comme la statue du
commandeur, les yeux braqués sur l'ennemi […] Tout
en grimpant, les fantassins de von François ouvrent un feu des plus
violents. Nos chasseurs du 10e bataillon répliquent aussitôt, et toute
cette partie du champ de bataille se met à pétiller comme un feu
d'artifice. Le commandant Schenck, à pied, car son cheval vient d'être tué
par un obus, encourage ses hommes à tenir jusqu'au dernier : « Tenez bien,
leur dit-il; que pas une balle ne soit perdue! Songez à notre honte si
nous reculions devant ces ignobles Prussiens! » Aussi les cadavres
germains s'amoncellent-ils sur le chemin qu'ils parcourent. Chasseurs et
sapeurs du génie redoublent d'ardeur, et dans la furie du combat montent à
découvert sur l'épaulement de la tranchée, pour mieux viser leurs ennemis.
[…] Le bataillon est cruellement décimé. Deux cent quinze chasseurs et
sous-officiers sont mis hors de combat. Malheureusement de nouveaux
bataillons arrivent sans cesse aux Allemands, et pour comble de malheur,
il y a un instant où nos pauvres petits «vitriers» se trouvent sans
munition. Les Prussiens s'en aperçoivent et poussent des hurlements de
joie. Le feu de l'artillerie ennemie redouble. La poignée de nos chasseurs
qui garde la tranchée, est aveuglée par la fumée des explosions et
assourdie par les détonations des obus; elle ne voit pas la colonne
d'assaut, qui débouche tout à coup sur eux et arrive en masse au pied de
la tranchée. Là,
ils sont reçus à l'arme blanche; un long cri vibre dans les rangs des
chasseurs : « A la baïonnette! » Les armes de quelques-uns de ces derniers
se brisent; alors la crosse du fusil sert de bélier.
De
temps en temps on entend la voix calme du commandant Schenck. Ce brave
officier, toujours au plus épais du feu, encourage ses hommes de
l'exemple; plusieurs fois, il décharge à bout portant son revolver, dont
les balles trouent les rangs ennemis. On se bat corps à corps. Déjà il ne
reste plus qu'une centaine de chasseurs à pied, quand plusieurs milliers
de Prussiens escaladent la tranchée et entourent nos soldats. Ce serait
folie de résister : il faut battre en retraite et s'ouvrir un passage de
vive force. «En avant! mes enfants, crie le commandant Schenck,
suivez-moi! » Et l'épée haute, il se rue sur la bande ennemie. Les
chasseurs s'élancent à sa suite. Ce flux humain refoule les Allemands une
première fois! Une nouvelle colonne ennemie accourt et barre le chemin. Le
commandant Schenck tombe grièvement blessé, au milieu des casques à
pointe." Après la guerre, il participe à la repression de la Commune. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur le 8/9/1872. Il est mort le 30/7/1877. Photo Mazeran (Saales) |
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Jean Henry Marie Moinot Werly Né le 30/10/1839 à Bar le Duc. Elève de Saint Cyr, il est promu Sous Lieutenant le 1/10/1861 et rejoint le 63e régiment d'infanterie. Il fait campagne en Algérie et à l'occasion de se signaler le 1er mai 1865 en Kabylie au poste de Takitount : "Le terrain occupé par une grand garde venait d'être quitté par ordre. La troupe formant cette grand garde, qui était composée d'une section de la 2e compagnie du 3e bataillon commandée par le sous lieutenant Moint, se dirigeait vers le fort; lorsque les Kabyles se portèrent au pas de course sur le point qui avait été abandonné et couronnèrent rapidement toutes les hauteurs d'où ils commencèrent à tirer sur les hommes en marche. Alors M le sous Lieutenant Moinot, avec une bravoure et une intrépidité qui fit l'admiration de tout le camp, s'eélanca en avant, entraînant par son exemple tout son monde et en quelques instants, il reprit de vive force la position que les Kabyles quittèrent précipitamment". Nommé
Lieutenant le 17/7/1867, c'est dans ce grade
qu'il sert en 1870. A la suite de la bataille de Spicheren, il est blessé
d'un coup de feu à la cuisse gauche et il est nommé Capitaine le 9/8/1870. Chef de bataillon le 15/3/1883, il prend le commandement du 10e bataillon de chasseurs le 8/5/1883 et ce , jusqu'à sa promotion comme Lieutenant Colonel le 9/7/1888. Il retourne alors dans son régiment de début de carrière, le 63e RI. Il est fait officier de la Légion d'Honneur le 12/7/1890. Fait Colonel le 29/12/1891 (au 106e RI), il est nommé Général de brigade le 17/4/1896, et commande la 30e brigade d'infanterie. Il termine sa carrière comme Commandeur de la Légion d'Honneur. Il est mort en 1905. Photo Greiner (Nancy) |
Charles Marie Joseph Chavane Né le 29/4/1862 à Bains (Vosges), c'est le fils d'un maître des forges. Il entre à
l'école de Saint Cyr en 1883 et en sort 310e de sa promotion (sur 397).
Promu Lieutenant en fevrier 1891, il se fait photographier à Saint Dié dans l'élégante tenue d'officier modèle 1893, avec la pelisse d'officier d'infanterie. En juillet 1893, Chavane passe au 28e bataillon de chasseurs alpins. Continuant une carrière sans trop d'éclat, il est Chef de bataillon lorsque la guerre de 14 éclate alors qu'il a déja 52 ans. Il va brillament s'y distinguer et en décembre 1918, il est nommé Lieutenant colonel. Il finit sa carrière en mai 1925 comme commandeur de la légion d'honneur et meurt en 1927. Plus de détail sur sa carrière sont donnés sur une page spéciale qui lui est consacrée. Photo Franck (Saint Dié) |
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Les commandants du 10e bataillon