Pierre Guillaume Eugene GAMBIER, né le 12/6/1823 au Grand Andelis
 
 

Il était le second fils de Louis-Guillaume-Constant Gambier, greffier du tribunal civil des Andelis, et de Rose-Arsène Laisné.

Engagé volontaire en 1837, il entra à Saint-Cyr dans les premiers rangs de sa promotion. Il en sortit le second, et dès ce moment s'ouvrit pour lui cette rude carrière de combats que la mort seule a interrompue. Partout où l'armée française a combattu, Eugène Gambier a combattu aux premiers rangs, et faire l'histoire de ses campagnes, serait rappeler toutes les guerres entreprises, ou mieux toutes les victoires de nos soldats depuis vingt ans. Chacun de ses grades, chacune de ses décorations, conquis en présence de l'ennemi et à la pointe de l'épée, a été le prix légitime de son courage.

Celui de lieutenant a été gagné par cinq années d'expéditions et de rudes combats en Algérie.

C'est au siége de Rome qu'il reçut ses épaulettes de capitaine, et c'est à l'armée d'Orient qu'il a conquis le grade d'officier supérieur. Les quatre agrafes que nous présente son portrait nous apprennent qu'il fut témoin et acteur dans les quatre batailles les plus meurtrières. Sa première décoration fut la récompense de son héroïque élan à la prise des forts de Malakoff, où il commandait le 1er bataillon de chasseurs, désigné pour la première colonne d'assaut, et qui y est entré des premiers. Cette grande page militaire, représentée d'une manière si saisissante et si mouvementée dans le tableau du peintre Yvon, nous le montre, mû par un courageux élan, marchant à travers la mitraille, excitant de la voix et du geste ses soldats, décimés à chaque pas, parvenant presque seul de son bataillon, sain et sauf, à la brèche de la tour : c'est simplement sublime d'héroïsme.

Nommé lieutenant colonel, en 1859, il a fait toute la campagne d'Italie, avec le 2e régiment de zouaves, qu'il n'a pas quitté, et le drapeau, qu'il avait contribué à conduire à Magenta, fut décoré au moment où il recevait lui même la croix d'officier. En 1860, nous retrouvons Eugène Gambier en expédition sur les frontières du Maroc. Le commandement du 2e zouaves lui fut donné l'année suivante, et on ne pouvait le confier à des mains plus pures et plus vaillantes. Désigné, en 1862, pour l'expédition du Mexique, Eugène Gambier conduisit ses zouaves à l'affaire des Cumbres et à l'assaut de Guadalupe. S'il ne put emporter les forts de cette place, il eut du moins l'honneur de protéger la retraite de cette poignée de braves sur Orizaba, et c'est à la suite de ces faits d'armes qu'il fut nommé commandeur de la Légion d'honneur.

Là s'arrête la vie de l'homme de guerre. Atteint, peu de temps après, sur les hauts plateaux du Mexique, d'une grave maladie de poitrine, son épée s'échappa de ses mains défaillantes. Contraint de regagner la France en décembre 1863, il vint à Rochefort chercher auprès de parents affectueux qui lui ont, jusqu'à la dernière heure, consacré leurs jours et leurs veilles, la santé et la vie qui le fuyaient. Le 29 août 1864, il s'éteignit, âgé seulement de 41 ans. Sa vie avait été courte, mais bien remplie. Le docteur Quesnel, premier médecin en chef de la marine, a fait du caractère du colonel Gambier un tableau qui mérite d'être reproduit: « Son caractère, ardent comme son » courage, était cependant à la fois calme et sûr. Sobre de paroles et de vaines démonstrations, il laissait promptement deviner, sous des formes froides et sévères, une intelligence exercée, fécondée par le travail et la réflexion , un jugement d'une parfaite droiture, un cœur doux et affectueux qui a toujours tempéré, du moins, ce que son énergique volonté avait d'inflexible pour lui même. De pareils hommes meurent comme ils ont vécu, avec un calme stoïque. » Les postes les plus périlleux n'avaient jamais intimidé sa bravoure. Les douleurs les plus cruelles de la maladie n'ont pu lasser son inaltérable patience, et les approches de la mort, qu'il avait si souvent vue de près, n'ont pu troubler un» seul instant la mâle sérénité de cette âme d'élite et de cette conscience sans reproche. »

 

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