La mission Marchand (31/5/1899)

Le retour des héros
Les cadres de la mission Marchand - 1899

Entre 1896 et 1899, douze européens et 150 tirailleurs effectuent 6.000 kilometres à pied pour relier la côte du Congo jusqu'au  Nîl blanc au Soudan. Cette mission Congo-Nîl, ou Marchand du nom de son commandant, trace l'une des plus belles épopée de la conquête coloniale, mais se termine en désastre diplomatique puisque la France doit céder devant les ambitions britanniques et évacuer le poste de Fachoda pour éviter la guerre.

Revenus en France en héros, l'équipe couverte d'honneurs se fait photographier avant sa dispersion. La plupart de ces officiers effecturont une brillante carrière jusque et y compris durant la première guerre mondiale.


Les cadres de la mission

Commandant la mission........................................... 

Commandant en second...........................................

..............................................

...........................................

..........................................

..........................................

............................................

.............................................

...........................................

...........................................

 

 

Commandant Marchand

Capitaine Germain

Capitaine Baratier

Capitaine Mangin

Docteur Emily

Lieutenant Fouque             

Enseigne de vaisseau Dyé

Sergent Bernard

Sergent Dat

Sergent Venail                                                                                        

                                                                                 


 
                   Cliquez sur l'image

Jean Baptiste Marchand
-
Commandant, chef de la mission 

Officier sorti du rang, ancien de l'école de Saint Maixent, Marchand est déjà un officier colonial reconnu lorsqu'il obtient le commandement de la mission "Congo-Nil". Il a notamment servi au Soudan sous Archinard et y a été blessé et décoré.
Inspirateur d'une équipe qu'il a formé à son image, Marchand se heurte d'abord aux gouverneurs coloniaux locaux qui refusent de lui accorder vivres et porteurs nécessaires à l'expédition. Sa tenacité et sa diplomatie parviennent cependant à vaincre les obstacles, mais, à plusieurs reprises, Marchand manque de mourir de maladie ou d'épuisement lors de l'expédition.
Arrivée au poste de Fachoda le 10/7/1898, il plante le drapeau français et remet sur pied les fortifications. L'aventure trouve son épilogue en septembre 1898 lorsque la petite troupe française est rejointe par d'imposantes forces britanniques qui viennent de conquérir le Soudan et de battre les Derviches à Omdourman. Le général Kitchener qui commande ces forces exige l'evacuation du poste ce qui ouvre une période de forte tension en la France et l'Angleterre. Le gouvernement français doit céder et la troupe reçoit l'ordre d'évacuer le fort.

Revenu en France en héros, Marchand retrouve un pays profondément divisé par l'affaire Dreyfus. Les milieux nationalistes tenteront de l'enroler dans leur lutte contre le gouvernement radical accusé d'avoir abandonné Fachoda. En dépit de son refus de se prononcer publiquement, la méfiance du gouvernement à son égard l'obligera à interrompre prématurément sa carrière militaire. Il reprendra du service actif en 1914, et fera une brillante guerre à la tête d'une division coloniale sur le front de France où il sera blessé.

Joseph Marcel Germain

Second de la mission

 

 

Né le 19/3/1865, polytechnicien et officier d'artillerie de marine, c'est l'adjoint de Marchand lors de l'expédition. Contrairement aux autres membres de l'expédition, il n'a pas une grande expérience coloniale, mais s'est plutôt signalé comme un technicien de l'artillerie.

Il commande notamment la deuxième équipe de la mission qui assure le convoyage du transport Faidherbe jusqu'au Nîl. Il reçoit la croix d'officier de la Légion d'Honneur en octobre 1898. 

Il est mort comme colonel en juillet 1906, alors qu'il était chef de la section technique des troupes coloniales au ministere de la guerre.

 

 

 


                         Cliquez sur l'image 

Albert Baratier

Lorsqu'il est engagé dans la mission Marchand, Baratier est déjà un africain accompli qui a servi aux spahis soudanais.

Durant l'expédition, il est le plus souvent envoyé en avant garde pour reconnaître le chemin à prendre et effectuer les relevés hydrographiques nécessaires pour le passage du Faidherbe à travers le Congo et jusqu'au Nîl.
Il reconnaît notamment la région du Bahr el Ghazal, vaste étendue marécageuse parcourue par des rivières sans courants aux chenaux variables et inombrables. La traversée en est très éprouvante comme il l'a raconté dans ses souvenirs : "On avançait - avec quelle énervante lenteur - dans un horrible mélange de vase, de racines et de feuilles de roseaux, de nénuphars, de bois mort, de poissons pourris, d'antilopes crevées ; dans une macédoine de rats, de serpents , de mille-pattes et de fourmis. Parfois une alerte : bousculée ou même crevée par un hippopotame affolé, c'est une embarcation qui manque de chavirer. Les nuits on s'entasse sans fermer l'oeil dans les baleinières : pas de terre ferme pour camper. Et, sans trêve, c'est le supplice des affreux moustiques qui tourbillonnent en épais nuages"

C'est Baratier, homme de confiance de Marchand, qui quitte Fachoda en octobre pour apporter au Caire les dépêches adressées au gouvernement français et qui va chercher à Paris les instructions officielles ordonnant à la mission d'évacuer le poste et de renter par l'Abyssinie.

De retour en France, il poursuit une carrière dans la cavalerie metropolitaine, et participe à la guerre de 14 comme général commandant une division de cavalerie. Il est mort pour la France le 17/10/1917. 


                      Cliquez sur l'image

Charles Mangin

Officier colonial d'exception, Mangin a servi au Sénégal entre 1889 et 1892. Il commande l'escorte de tirailleurs sénégalais comme lieutenant et est nommé capitaine durant la mission. Après l'arrivée à Fachoda, Mangin en organise la défense. Son heure de gloire intervient le 25/8/1898, lorsque les Derviches attaquent le poste. Mangin raconte l'instant dans ses "lettres du Soudan" : "Vers 6 heures du matin, deux vapeurs remorquant sept chalands en fer apparaissent sur le Nîl à 2 kilometres au nord du poste. La générale sonne et nous prenons silencieusement nos postes de combat. Les vapeurs s'avancent lentement, nous hissons le pavillon français qui est presque aussitôt salué par eux d'un coup de canon hors de porté. Quand les vapeurs arrivent à 1000 metres, nous commençons par répondre à leur canonnade, des feux de salve bien ajustés ; le tir était facile à régler par les points d'impact bien visibles sur l'eau et un bruit de chaudron nous prouvait que les balles frappaient la coque en fer du vapeur. Bientôt nous essuyions une fusillade désordonnée qui se répartit sur toute la fortification et ne blesse qu'un seul homme. Les vapeurs passent devant le poste et s'arrêtent à 800 metres plus haut. [...]  Vers deux heures la flottille redescend le Nîl en tiraillant. Mais en arrivant devant notre réduit, une avarie de machine arrête le plus grand des deux vapeurs, le Safia, qui par une fausse manoeuvre nous présente l'arrière ; l'autre, le Teuffikié, vient à son secours; tous les chalands sont pêle mêle, bord à bord, et nous tous en ligne, bien abrités ; pendant une quart d'heure ce fut une véritable exécution militaire. La flotille se mit péniblement en marche et je l'ai escortée convenablement pendant 4 kilometres avec une section. Nous avions affaire à 1.200 à 1.500 hommes spécialement envoyés d'Omdurman par le Khalife pour nous combattre. D'après les officiers egyptiens qui ont visité le Safia après sa prise, il n'y avait pas un morceau grand comme la main qui ne fut percé de nos balles. Quatre chalands ont coulé en route, les trois autres ont été abandonnés comme hors d'usage ; les pertes de l'ennemi ont été évaluées à 700 hommes et ce chiffre ne me parait pas invraisemblable. Dans les chalands on se disputait les places du fond à coup de couteau et elles n'étaient par meilleures que les autres puisque nos balles percaient trois hommes à la fois."
Mangin fera par la suite une carrière exceptionelle, notamment au Maroc, avant de s'illustrer comme commandant d'armée durant la première guerre mondiale.


                                Cliquez sur l'image 

Jules Emily

Jules Emily est medecin colonial. Recommandé par le général Archinard, il est nommé officier médecin de la mission Congo Nîl. A plusieurs reprises son intervention est décisive pour sauver Marchand atteint de fièvres bilieuses.
A l'arrivée à Fachoda, la déception de la mission est grande en raison de l'état déplorable du poste, abandonné et pillé par les Derviches. Dans ses souvenirs, Jules Emily ecrit :"Fachoda n'est qu'un amas de briques et de boue. Des anciens bâtiments, plus une poutre, plus un toît. Des mares se sont formées à l'endroit où se trouvaient les cours et tout autour, de briques ont roulé, des pans entiers de murs se sont ecroulés. Ici un encadrement de porte persiste, monumental, précédé d'un perron aux marches défoncées, surmonté d'un arc de voute se profilant dans le ciel, lamentable vestige de l'entrée principale de la ville. Plus loin une masure à trois compartiments éventrés, les voutes épaisses encore noires du feu qui les fît eclater : c'est l'ancienne poudrière. Plus loin encore des décombres ne se distinguant des autres que par leurs proportions un peu plus grande et par la lêpre du revêtement intérieur, jadis blanchi à la chaux ou recouverts de papier peints : c'est ce qui reste des appartements du Mudir. Partout, partout des décombres cachés sous des flaques d'eau ou sous l'envahissement des herbes folles. Les ouvrages des fortifications ont été très considérables : plusieurs plates formes pour canons, des tranchées, des redoutes. Toute la place est enveloppée par une levée de terre, au pied de laquelle court un large fossé de plus de 3 kilometres de tour, rempli d'eau croupissante. Malgré la joie que je ressent d'être arrivé enfin au but, une grande tristesse m'envahit, qui monte de toutes ces ruines."

Après la mission, Emily est nommé officier de la Légion d'Honneur, et fera une brillante carrière, terminant médecin général inspecteur du corps de santé colonial et membre de l'Académie des sciences coloniales.

 

Pierre Felix Fouque

Né le 4/8/1869 à Grenoble, le lieutenant Fouque est Saint Cyrien de la promotion de Cronstadt (1890-1892).

Il a servi lors de la campagne du Dahomey, puis il a rejoint la mission en cours de route comme lieutenant, en remplacement du lieutenant Simon décédé des suites des fièvres. Il accompagne Germain et Dyé sur le Faidherbe.

Après l'expédition, il est promu Capitaine et chevalier de la Légion d'Honneur. Il sert ensuite en Chine, au Congo et à Madagascar et reçoit la croix d'officier de la Légion d'Honneur en 1904.

La guerre de 14 le trouve chef de corps du 142e régiment d'infanterie. Il est tué le 23/9/1914 à Noviant-aux-Près, d'une balle au thorax.

 

Alfred Dyé

Seul officier de Marine de l'expédition, Dyé est commandant du Faidherbe, bateau qui accompagne la mission Congo-Nîl.
Pour suivre le parcours de l'expédition, il sera nécessaire à plusieurs reprises de démonter le bateau pour le faire passer d'un cours d'eau à l'autre : démonter et porter la chaudière pesant deux tonnes en perçant une route à travers la brousse et en la faisant rouler sur des billes de bois pendant des centaines de kilometres, et porter la coque dans un chariot spécialement construit à cet usage. Au prix d'effort surhumains, Dyé conduit finalement le Faidherbe à Fachoda le 29/8/1898.
La présence du bateau assure le ravitaillement bien nécessaire du poste et permet à la mission de rayonner sur le Nîl, ainsi que  d'entrer en contact plus facilement avec les populations locales et leurs chefs.
Après cette mission Dyé sera chargé de missions hydrographiques, notamment au Maroc en 1906. Il exercera des commandement sur des bâtiments et sera major général à Cherbourg après la guerre. Il est mort accidentellement en 1926 alors qu'il commandait la marine française à Beyrouth.

 

Sergent Dat

Georges Dat est né en 1865. Il s'est engagé en 1884 et il a servi en Nouvelle Calédonie, au Tonkin, au Dahomey, au Sénégal et au Congo.

Il quitte l'armée en 1900 avec le grade d'adjudant et rejoint le corps des administrateurs coloniaux.

Mobilisé en 1914, il est porté disparu le 25/8/1914 à Rozélieuses.

 

Ernest Henri Venail

.


Né le 5/10/1869 à Chateauroux, appelé en 1890, il est affecté au 2e régiment d'infanterie de marine.

Rengagé pour 5 ans et nommé sergent en mai 1893, il participe à sa première mission coloniale de juin 1893 à novembre 1895, à la mission Monteil au Congo, avec les sous officier de Prat et Bernard qu'il retrouvera en 1899.

C'est donc avec une expérience déjà importante qu'il est désigné le 6/5/1896 pour participer à la mission Marchand.

Il est décoré de la médaille militaire le 8/12/1898, puis chevalier de la Légion d'Honneur le 5/12/1899.

Après son retour, il quitte l'arme coloniale en 1901. Retraité comme officier en février 1906, il reprend du service durant la première guerre mondiale comme Capitaine de réserve et reçoit la croix d'officier de la Légion d'Honneur le 24/4/1917.

Il est mort en 1923 à Kouakry, en Guinée.

 

Sergent Adrien, André Bernard

André Bernard est né à Availles le 9 décembre 1872, d’un père receveur-buraliste. Alors qu’il est étudiant, il s’engage pour 8 ans le 15 décembre 1890 et rejoint le 6e Régiment d’Infanterie de Marine.
Il est nommé caporal en 1892, puis sergent en 1893.

Il a été détaché à la mission Monteil au Sénégal de juin 1893 à septembre 1895, puis à la mission Marchand d’avril 1896 à janvier 1899.
Réintégré au 2e régiment d’infanterie coloniale, il poursuit sa carrière dans les régiments coloniaux, au Tonkin de 1900 à 1902 et Afrique occidentale française de 1903 à 1904.
Il meurt le 27 mars 1904 à l’hôpital du Val de Grâce. Un place de son village natale porte son nom. (merci à Mme Faverau pour ces renseignements) .

Retour page groupe