Le 8e Régiment de Chasseurs à cheval

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Historique sous le IInd Empire et le début de la 3e république

 

Le 8e Chasseurs est à Vienne lors du coup d'Etat de 1851 et il envoie quatre escadrons à Lyon pour y maintenir l'ordre. Il reçoit son étendard le 24/4/1852 à Paris.

Le 29/4/1859, le régiment s'embarque à Marseille pour l'Algérie où il est caserné à Constantine et Sétif. En mars1860, il est engagé contre une insurrection des tribus du Hodna. Le 25, les 2e et 6e escadrons du régiment chargent les Ouled Ameur à Krenguet el Hamman et subissent des pertes importantes (16 tués et 17 blessés).

Revenu en France en septembre 1861, il enchaine les garnisons jusqu'en 1870. Au déclanchement de la guerre, le 8e chasseurs est embrigadé dans la division de cavalerie du 12e corps d'armée mis sur pied au camp de Chalons. A Mouzon le 30/8/1870, il reçoit ordre en fin de journée de contenir l'offensive allemande et y subit quelques pertes, y perdant notamment son colonel. A Sedan, dans la confusion de la bataille, d'autres pertes sont à signaler sans que le 8e chasseurs ne soit spécifiquement engagé. La troupe est comprise dans la capitulation.
Pendant la guerre, le dépôt du régiment contribue à la création de quatre escadrons de marche engagés dans les armées de la Loire et de l'Est.

Reconstitué en 1871 à Lyon, il est engagé pour réprimer les mouvements révolutionnaires de cette ville.

   

Marie Henri Raoul de Lostanges-Béduer

Maréchal des Logis au 4e Chasseurs d'Afrique, en 1854 il est désigné comme porte fanion du Maréchal Saint Arnaud, commandant en chef du corps expéditionnaire d'Orient. Embarqué pour la Crimée, il se distingue au côté du Maréchal lors de la bataille de l'Alma, ce dernier écrivant à son frère : "Raoul de Lostanges est très brave. Mon fanion a été traversé d'une balle et le cheval de Raoul touché". Il est alors nommé chevalier de la Légion d'Honneur en octobre 1854, distinction rare pour un sous officier, sa proximité avec le commandant en chef n'étant pas pour rien dans cette récompense. A la mort du maréchal Saint Arnaud, terrassé par le choléra, de Lostanges conserve sa position auprès du Maréchal Canrobert son successeur.  

Promu Sous Lieutenant le 24/7/1855, il est muté au 1e régiment des chasseurs d'Afrique, puis après la guerre de Crimée, il passe au régiment des Guides de la Garde.

Resté proche de Canrobert, de Lostanges est désigné comme son aide de camp durant la campagne d'Italie. Il rejoint alors le 8e régiment de chasseurs, fonction purement administrative, car il n'a probablement pas paru au régiment, en garnison en Algérie à l'époque. Il en porte néanmoins ici l'uniforme de grande tenue, avec deux caratéristiques cependant : les aiguillettes et la double bande or sur le pantalon, signes distinctifs de ses fonctions d'aide de camp d'un Maréchal de France. Il s'est fait photographier par Disdéri, soit à son départ, soit peu de temps au retour de la campagne, arborant outre sa croix, la médaille de Crimée et l'ordre Turc du Medjidié.

Il a alors une nouvelle fois l'occasion de se distinguer lors de la bataille de Magenta. A 7 heures la partie droite du village de Ponte Vecchio vient d'être reprise pour la 5e fois. Le Maréchal Canrobert se porte au delà, le long du canal, pour s'assurer de la position des tirailleurs chargés d'en couvrir les approches, juger du terrain et se rendre compte des mouvements que l'ennemi peut vouloir executer : "Pour mieux juger de la situation, le maréchal se tient avec son état major sur un petit monticule à gauche du village. [...] Un mouvement se fait dans les mûriers, on entend un bruit de chevaux et apparaissent à travers le feuillage, des hussards en pelisse blanche. "Ne tirez pas ce sont des Français !" crie-t-on. Alors en un bond, ces hussards dont l'uniforme les a fait croire français, mais qui sont autrichiens du régiment du roi de Prusse, tombent sur l'état major. Les pelisses blanches se mèlent aux aiguillettes et aux épaulettes d'or, les chevaux se cabrent, s'entre croisent, font des voltes faces, ou bien, lancés au galop, bousculent tout sans s'arréter. Les eclairs des sabres qui se lèvent et s'abaissent traversent l'espace. Le maréchal est saisi au collet ; il pique son cheval qui s'emporte et laisse entre les mains de son agresseur la criméenne qu'il a autour du cou. L'intendant Mallarmé, la joue estafilée, s'abat avec son cheval gris et roule sur la berge du canal dans lequel il tombe. Le capitaine Armand a la menton tailladé ; le cheval du Colonel de Bellecourt, blessé à mort, fait un soubresaut qui envoie en l'air son cavalier que l'on voit retomber comme une masse à huit pas ; De Verigny et de Lostanges sont sabrés. Ils tombent à terre à côté d'un cheval qui perd tout son sang et couché sur le côté, lance en saccades des ruades continuelles." (Le maréchal Canrobert - G Bapst). Le maréchal est finalement dégagé et de Lostanges s'en tire avec un léger coup de sabre à la tête.

Promu Lieutenant le 30/5/1860 au 3e lanciers, puis Capitaine le 12/3/1864, de Lostanges suit Canrobert nommé en poste à Nancy. Il a là encore occasion de se distinguer, mais sur d'autres champs de bataille, comme en témoigne Gyp dans ses "Souvenirs d'une petite fille" : "Toutes les jolies femmes se précipitent au gouvernement attirées surtout par un des aides de camp qui est la coqueluche de Nancy. Le vicomte Raoul de Lostanges est l'aide de camp favori du maréchal qui l'avait avec lui en Crimée. Tres jeune capitaine, aimable pimpant et fêtard il est parait il irresistible et a de frequentes occasions de s'en assurer." De Lostanges occupe aussi son temps libre en composant de la musique et certains de ces partitions seront jouées à l'opéra comique.

Il ne profite cependant pas longtemps d'une carrière démarrée sous les meilleurs auspices. Il est mort le 18/12/1868 au château de Wideville dans les Yvelines.

Photo Disdéri (Paris)


Marie Joseph Eugène René de Gérard

 

Il fait l'école de Saint Cyr (promotion du Danemark, 1863-1865) et en sort Sous lieutenant le 1/10/65 au 8e Chasseurs à cheval. En 1868, il est à l'école de Saumur comme instructeur.

Il démissionne de l'armée comme Capitaine juste après la guerre de 1870.

Il est décédé en 1904

 

Photo le Roch (Saumur)

  


  

Marie Louis Joseph Henri Genestet de Planhol

Né le 9/8/1825, c'est un ancien de Saint Cyr, de la promotion d'Isly (1843-1845), sorti 34e d'une promotion de 274 élèves. A sa sortie de l'école, il sert deux années au 7e régiment de dragons et suit les cours d'instruction de l'école de Saumur, dont il sort classé second.
En octobre 1847, il rejoint le 5e régiment de chasseurs avec lequel il sert près de deux ans en Algérie.

Promu Lieutenant le 4/2/1850, puis Capitaine le 1/5/1854, il y est capitaine adjudant major, puis il y commande un escadron. Durant la campagne d'Italie, il sert comme officier d'ordonnance de son frère ainé, commandant une brigade dans la division de cavalerie du 1er corps d'armée. Il y reçoit la croix de la valeur militaire de Sardaigne.

Le 7/3/1861, il est promu Chef d'escadron au 8e régiment de chasseurs qu'il rejoint brièvement en Algérie. C'est dans ce grade, où il est resté sept ans, qu'il est photographié par Levitsky, probablement en 1862 ou 1863, date de sa nomination comme chevalier de la légion d'honneur, le 30 décembre.

Le 29/2/1868, il est nommé Lieutenant colonel du 2e régiment de hussards. C'est dans cet emploi qu'il charge à Rezonville contre le 13e dragons prussiens lors de la grande bataille de cavalerie sur le plateau d'Yron. Lors de la mélée, le régiment pris entre les prussiens et les lanciers de la Garde Impériale française, subit des pertes importantes (23 officiers sur 32 sont tués ou blessés). De Planhol se fait remarquer durant la bataille et y survit indemne. Dans ses souvenirs, le Lieutenant de Séroux du même régiment relate : "En rentrant au régiment après la charge, je trouve le LtColonel de Planhol excité par le combat, se promenant devant la troupe en gesticulant et en criant : "Nous sommes des braves, nous sommes tous des braves !" Il me serre la main et la retire toute ensanglantée par le sang qui coulait de mon bras droit. Il me raconte alors qu'il avait un révolver dans chaque main pendant la charge et que de cette façon personne n'a pu l'approcher." De Planhol est nommé officier de la légion d'honneur le 5/9/1870.

Après la guerre, il est nommé Colonel le 22/7/1871 au 4e régiment de dragons. Il meurt dans ce poste le 14/6/1880.

Ses deux frères ainés furent tous militaire (son ainé de vingt ans terminant sa carrière comme général de division). Son fils, aussi officier, sera tué au Soudan.

Photo Levistky (Paris)


Raoul André Edouard Delarue Caron de Beaumarchais

 

Né le 7/8/1839 à Paris, c'est le fils d'un officier de cavalerie, ordonnance du Roi à la date de sa naissance et futur général du Second Empire. Né Delarue, il change son nom en Delarue Beaumarchais en 1854, lorsque son père hérite du nom de son grand père maternel, le célèbre auteur dramatique auteur du Mariage de Figaro.

Elève de Saint Cyr entre 1858 et 1860, il est 66e de sa promotion (sur 248). Il est nommé Sous lieutenant le 1/10/1860 au 8e régiment de chasseurs. Il sert en Algérie durant les neuf premiers mois de l'année 1861.

Nommé Lieutenant le 14/3/1865, puis Capitaine le 8/8/1869. Le 16/3/1870, il est nommé officier d'ordonnance  du général commandant le 13e division. Lors de la déclaration de guerre en aout 1870, il rejoint son corps le 8 aout et participe aux opérations contre les prussiens, mais est rapidement nommé sous intendant de la division de cavalerie du 12e corps d'armée, afin d'améliorer la situation du ravitaillement.
Il est blessé d'un coup de feu au pied gauche le 1/9/1870 à Sedan. Fait prisonnier lors de la capitulation de l'armée, il obtient cependant de passer en Belgique pour se faire soigner et echappe à l'internement en Allemagne. Reconstitué à Lyon en mars 1871, le régiment participe à la repression de la Commune de Lyon et combat à la Guillotière le 1/5/1871. A la suite de cette opération, Delarue Beaumarchais est promu chevalier de la Légion d'Honneur le 3/6/1871.

Le 5/8/4/1876, il est promu Major et passe au 3e régiment de dragons. Il y prend le commandement d'un escadron le 28/2/1881.

Le 30/12/1884, il est nommé Lieutenant Colonel au 4e régiment de dragons.

Nommé Colonel du 3e régiment de dragons, puis officier de la Légion d'Honneur le 6/9/1893, il est retraité le 24/4/1897 et se retire à Paris.

Il est mort en mai 1900.

Photo Crémière (Paris)

       


    

Jean Chrysostome Alphonse Bonie

Né le 31/3/1822 à Marseille, Bonie a fait Saint Cyr. Sorti 81e sur 211, il commence sa carrière militaire comme Sous Lieutenant au 2e régiment de Lanciers, le 1/4/1843. Il rejoint le 3e régiment de chasseurs à cheval le 28/12/1843.

Il y est promu Lieutenant le 10/7/1847, puis Capitaine le 31/5/1851, restant en garnison en France. Il rejoint en Algérie le 8e régiment de chasseurs lorsqu'il est promu Chef d'escadrons le 23/5/1861. Il passe alors l'été 1861 en Algérie avant de rentrer en France. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 21/5/1864. C'est en 1866, alors que le 8e chasseurs est en garnison à Thionville que Bonie se fait photographier par le photographe Bourens, qui se fera connaître plus tard par ses beaux portraits du siège de Metz. Cette pose de plan moyen et de trois quart est assez peu courante pour l'époque. Il est porte sa pelisse "à la hussarde" ce qui n'est pas règlementaire, notamment pour un officier de chasseurs...

La guerre de 1870 le trouve commandant du dépôt du régiment. Il ne participe donc pas aux premières opérations de l'armée impériale. Après les premiers désastres, le dépôt reconstitue plusieurs escadrons qui servent à la formation de nouveaux régiments mixtes de cavalerie. Au début du mois de septembre, six officiers et 70 cavaliers évadés des mains de l'ennemi arrivent à Tarbes. Un escadron de guerre est alors immédiatement reconstitué qui va contribuer à former le 2e régiment de marche de cavalerie légère mixte. Bonie en est nommé le commandant en second le 19/9/1870 et quitte le dépôt pour rejoindre l'armée de la Loire.

Il est promu Lieutenant Colonel le 9/10/1870 et prend le commandement du 3e régiment de cavalerie légère mixte de marche formé à Clermont Ferrand d'escadrons des 3e Hussards, 7e , 11e et 12e Chasseurs. Dirigé sur le 16e Corps d'armée de la 1er armée de la Loire, il opère à Blois, se bat à Vallières le 7 novembre, puis à Coulmiers le 9, avant de faire la retraite. Après l'armistice, le 3e mixte est envoyé à Marseille pour y être versé au 3e chasseurs. En récompense de ses services, Bonie est promu officier de la Légion d'Honneur le 5/5/1871 et devient commandant en second du 3e régiment de chasseurs à cheval.

Il en est promu Colonel le 31/12/1874. Nommé commandeur de la Légion d'Honneur en 1881, il prend sa retraite à cette date. Il est mort le 26/12/1891.

Photo Bourens (Thionville)

 

Les colonels du 8e chasseur à cheval

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