Historique du 6e régiment de Dragons

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IInd Empire et la IIIe République
(1851-1914)

 

Le 6e Dragons a reçu son nouvel étendard le 10 mars 1852. Le 27 fevrier 1854, le régiment, alors en garnison à Tarascon, est désigné pour prendre part à l'éxpédition d'Orient. Les quatre escadrons de guerre mis sur pied pour la campagne (32 officiers, 610 hommes et 544 chevaux) embarquent à Marseille, par fraction sur de voiliers le premier mai 1854 et débarquent à Gallipoli à la fin du mois. Le régiment est embrigadé avec le 7e dragons. Envoyé dans la région de Varna en juillet, le régiment a à souffrir de l'épidémie de choléra et perd environ 50 cavaliers, sans être engagé dans les opérations. Ca n'est que le 17 novembre, après la bataille de l'Alma, que le régiment est embarqué pour la Crimée et débarque à Kamiesh le 22 novembre. Mis en camp dans des conditions très difficiles, le régiment, et surtout ses chevaux, souffrent de toutes sorte de privations durant l'hiver., comme le décrit le lieutenant Sibert de Cornillon dans son courrier en janvier 1855 : "Le temps est abominable. Voila trois jours qu'il fait un temps si affreux que j'ai essayé de prendre la plume et que je n'ai pu la tenir, même dans la tente, malgré une paire de gants fourrés. Ce soir il y a dégel, il fait moins froid, j'en profite pour vous ecrire. Je ne sais ce que deviendra le temps demain. La campagne est couverte de neigenm l'eau géle dans les bidons, le café gèle dans nos tasses; les couvertes gèlent la nuit sur le dos des chevaux; j'avais acheté une paire de draps à Marseille, je l'ai fait enlever de mon lit, le froid de la percale m'entrait jusqu'à la moelle. Je ne puis maintenir ma température de vitalité qu'en me couchant sous deux ou trois couvertes, ou bien en m'agitant. Je préfère ce dernier moyen. Je me lave souvent le visage ou les mains dans la neige pour m'aguerrir. Somme toute, c'est une rude campagne, à l'instar de celle d'Eylau. Nos hommes souffrent beaucoup, il faut leur soutenir le moral. Demain lundi je prends la semaine. Je vais les remuer, les faire sortir de leur tente où ils s'accoquinent et les faire travailler. Nos chevaux tombent comme des mouches. Il en tombe cinq par jour en moyenne dans le régiment, on en sême sur les routes. Le 6e dragons fond complètement. Nous voici donc pour quelques temps confinés dans les neiges, dans la boue, sans pouvoir marcher à l'ennemi. Pendant ce temps le siège marche toujours. Nous dormons au son du canon et le vent nous apporte parfois le bruit de fusillades si terribles, qu'il m'arrive de me lever en sursaut la nuit, croyant que l'ennemi est à ma porte. C'est par les nuits les plus affreuses, les temps les plus orageux, lorsque le ciel est plein de tempêtes, que les canons vomissent tous leur feux. L'armée de siège est vraiment héroique. Nous souffrons un peu dans l'armée d'observation, mais nous ne sommes que des sybarites à ôté des souffrances des assiégeants." 
Quelques reconnaissances sont cependant organisées sur la Tchernaïa afin de surveiller les opérations de l'armée de réserve russe qui tente de desserrer l'etreinte du siège de Sébastopol. Avec le mois de mai et le retour des beaux jours, la cavalerie retrouve un emploi. Le régiment va alors bivouaquer dans la vallée de la Tchernaïa et effectuer régulièrement des reconnaissances. Le 5 juin, il a un bref engagement avec une grand garde ennemie.
Le 18 septembre, le régiment embarque à Kamiesh pour l'expédition d'Eupatoria. La division de cavalerie à laquelle est rattaché le 6e dragons et employée dans diverses reconnaissances. Le 29 septembre à Kanghil, il s'illustre en chargeant des escadrons russes déjà mis à mal par le 4e régiment de hussards. "Le colonel Ressayre, sur l'ordre du général d'Allonville, enlève son régiment avec une energique vigueur, le général de Chapéron en tête. Les escadrons ennemis, qui sur quelques points hésitent encore à abandonner le terrain, tournent aussitôt bride et disparaissent dans toutes les directions. Pendant plus de deux heures, les dragons s'acharnent à leur poursuite; tout ce qu'ils parviennent à rejoindre jette ses armes et se rend prisonnier. La journée était avancée ; la nature du terrain coupé de ravins, la fatigue des chevaux, tout défendait une plus longue poursuite."(historique du régiment). Les Russes perdent dans ce combat 110 tués et blessés, 169 prisonniers, 250 chevaux, 3 canons, 3 obusiers et 12 caissons d'artillerie, avec la forge de campagne. Après avoir passé un nouvel hiver très rigoureux, le régiment quitte la Crimée en mai 1856.

En 1870, le régiment est en garnison à Libourne et rejoint Lyon le 25 juillet. Primitivement destiné à l'armée d'Alsace, il reste cependant à Lyon pour y réprimer d'éventuels mouvement insurectionnels. Après les événements sombres du mois d'aout, il rejoint le corps de Vinoy à Reims et est envoyé à l'armée de la Loire. Il est alors engagé dans divers combats, notamment le 26 septembre à la Croix Briquet où il a un sérieux engagement contre la cavalerie prusienne. En janvier 1871, il est envoyé à l'armée de l'est, mais il peut échapper à la retraite conduisant à l'internement en Suisse de l'armée Bourbaki.

Reconstitué en 1871, il reste en garnison metropolitaine jusqu'en 1914.

    

Amédée Bourboulon

Né le 21/3/1812 à Troyes, il fait l'école de Saint Cyr entre 1829 et 1831, puis l'école de cavalerie de Saumur.

Il a servi au 1er régiment de Dragons depuis le grade de Sous lieutenant jusqu'à celui de Capitaine commandant un escadron.

Promu Major au 1er régiment de carabiniers, il y est promu chevalier de la légion d'honneur en 1853. En mai 1856 il est nommé Lieutenant colonel au 3e régiment de hussards et sert en Algérie entre 1861 et 1863.

En mars 1863, il est nommé Colonel du 6e régiment de dragons, poste dans lequel il est ici photographié à Luneville, dans la petite tenue d'officier de cavalerie. Promu officier de la légion d'honneur en décembre 1865.

En mai 1869, il passe dans le service des places, comme commandant de la place de Cambrai, il y fait la guerre de 70.

Il est décédé à Cambrai le 18/8/1876.

C'est le frère de l'ambassadeur de France en Chine en fonction durant la guerre de 1859-1861.

Photo Grados (Luneville)


Marie Charles Gaston Roger Laffeuillade

 

Né le 31/3/1840 à  Meaux, ce Saint Cyrien de la promotion du Céleste Empire (1860-1862) est nommé Sous lieutenant le 1/10/1862 au 6e dragons.

Lieutenant le 10/8/1868. A la déclaration de guerre en 1870, le régiment est rassemblé à Lyon et n'est pas engagé dans les premiers combats de la guerre. Laffeuillade, qui sert au 5e escadron du régiment est nommé officier d'ordonnance du général Ameil, commandant la division de cavalerie du 7e corps d'armée. Le régiment rejoint Paris le 26 aout, affecté au 13e corps d'armée, puis, peu avant le siège de Paris, est envoyé à l'armée de la Loire, puis après les opérations autour de la Loire, il rejoint l'armée de l'Est.

Laffeuillade est promu Capitaine le 23/4/1872. Il est ici photographié le 31/10/1873, avec une dédicace originale : "Si ma jeune amitié n'est pas assez clémente, c'est qu'on t'aime, mon vieux, autant qu'on te tourmente." Il porte la croix de chevalier de la Légion d'Honneur (reçue le 8/1/1871) et le dolman du modèle de l'état major.

Il est promu chef d'escadrons le 20/12/1883 et passe au 20e régiment de dragons. Il y prend sa retraite dans ce grade quelques années plus tard.

 

Photo Chamussy (Chambery)

     


   

Henri Emile Rogerol

Saint Cyrien de la promotion de l'Indoustan (1857-1859), il est nommé sous lieutenant au 6e régiment de dragons le 1/10/1859.

Il fait l'école de Saumur en 1862, date de la prise de la photographie à gauche.

Lieutenant le 12/8/1866, il revient une seconde fois à Saumur en 1868, portant la nouvelle tenue des dragons (photo à droite).

Il est promu Capitaine le 8/8/1869 et nommé adjudant major au 3e régiment de chasseurs d'Afrique en Algérie.
Au déclanchement de la guerre de 1870, Rogerol fait partie des officiers qui restent en Algérie et ne sont pas envoyés en France dès le début de la guerre ; il échappe de ce fait aux fameuses charges de Sedan, qui déciment le régiment. Après les premiers désastres, Rogerol est envoyé en France avec deux escadrons du 3e régiments de chasseurs d'Afrique, qui forment une partie du 1er régiment de marche de l'arme. Il rejoint l'armée de la Loire le 3/12/1870 et, alors que ces escadrons sont en route pour rejoindre le 16e corps d'armée à Patay, il a un engagement devant le village de Villeneuve-Indret contre quatre escadrons de hussards de Poméranie qui se dirigent sur Orléans. Un combat à l'arme blanche s'engage aussitôt et après une melée sanglante, les deux troupes se retirent chacune vers leur point de départ. Durant cet engagement, Rogerol est blessé et fait prisonnier.

Après la guerre, Rogerol rejoint son régiment en Algérie pour participer à la repression de 1871, au sein des colonnes Bonvalet, puis Saussier, comme commandant du 5e escadron. Le 19 janvier 1872, il meurt à Ouargla de la petite vérole noire durant l'expédition. Son corps est inhumé sous la casbah d'Ouargla.

 

   

Ils ont servi au 6e dragons : Lieutenant Colonel Ressayre,

Les colonels du 6e régiment de dragons

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