Le 10e régiment de Cuirassiers

-

Historique (1850-1914)

 

Le 10e régiment de cuirassiers enchaine les garnisons métropolitaines durant le second empire et n'est engagé dans aucune campagne active avant 1870.

Le 21/7/1870, le régiment reçoit l'ordre de mobiliser quatre escadrons (47 officiers et 537 hommes) et rejoint Pont à Mousson le 29/7 avec le 3e division de cavalerie de réserve.

Après quelques mouvements sans conséquences, le régiment est engagé à Rezonville le 16 aout. Après avoir rencontré les avants postes ennemis la veille, il campe devant Vionville. Au matin, lors de la canonnade suprise des Prussiens, il doit se regrouper en arrière sur le plateau dominant Vionville et Rezonville. Le 1er escadron est engagé dans la contre charge contre la brigade Bredow avec le 7e régiment de cuirassiers avec lequel il est embrigadé. S'élançant à la charge, il tombe dans le flanc de l'ennemi et refoule ses débris dans le vallon qu'il venait de traverser, lui causant de grandes pertes, sans en subir de notable.

 

Durant le siège, le régiment bivouaque sur le quinconce de l'école de pyrotechnie, puis sur l'île Chambière et reste dans la plus complète inaction.

 

Il reste en garnison en France entre 1871 et 1914.

   

Pierre Antoine Biesse,

Né le 21/1/1813 à Voiron (Isère), Pierre Biesse s'engage au 4e régiment de Lanciers en 1831 et y est nommé sous officier. Promu Sous lieutenant en 1840, il sert au 7e régiment de Hussards, avant de passer en 1844 à l'escadron d'Oran de la cavalerie indigène d'Afrique, futur régiment de Spahis. Il y est nommé Lieutenant.

Capitaine le 26/9/1845. En 1846, il participe activement aux opérations de pacification dans la région de Ténès en lutte contre Bou Maza durant l'hiver 1845/1846. Le 15/3/1846, il est gravement blessé lors d'une engagement. Ce combat est décrit par Paul de Castelanne dans ses souvenirs d'Afrique. Celui ci, alors officiers de chasseurs, se souvient d'une soirée passée à la garnison d'Orléansville, accueilli par les officiers d'Afrique : "Je me rappelle encore cette soirée de la rencontre où nous recevieons l'hospitalité du capitaine Fleury. Un bol de punch flamboyait sur une grande table chargée de verres et de cigares. Chacun avait pris place comme il avait pu, et sur le beau canapé en cotonnade rouge, et sur la chaise de paille, et sur les coussins, voire même sur l'étroit matelas caché sous un Haïk arabe. Pour charmer les loisirs et reveiller les échos de France, nous avions un brigadier, ancien élève du Conservatoire, qui chantait d'une fort belle voix de ténor "la Juive", "Robert de Diable", "les Hugenots", "le Domino noir". Biesse, le capitaine en second des spahis, boiteux encore d'une balle qui lui avait traversé la cuisse un mois auparavant, entonnait les chansons inventées par les routiers de l'univers depuis plus de mille ans".

En 1854, au déclanchement de la guerre contre la Russie, le Maréchal de Saint Arnaud, vieil africain commandant le corps expéditionnaire français envoyé en Turquie, décide de former une escorte de Spahis pour son quartier général. Il est alors formé un escadron de guerre pris dans les trois régiments de Spahis et le capitaine Biesse à l'honneur de commander cette troupe d'élite : "C'était des gens de grande tente, plusieurs d'entre eux possédaient des serviteurs comme les hommes d'armes des temps passés. Point de spahi qui n'eût des etriers dorés et un burnous de soie blanche, tranchant sur son burnous rouge. Tous les haïcks étaient attachés de ces belles cordes en poil de chameau, noires et luisantes, qui étaient le luxe de l'émir Ab-el-Kader (P de Molènes)". L'escadron embarque le 15/3/1854 à Alger sur le brick l'Espérance et arrivent à Gallipoli le 7 mai.

A son arrivée, Biesse apprend sa nomination comme Chef d'escadrons (en date du 1/5/1854) et laisse le commandement de cette troupe d'excéption. Il devient alors officier d'ordonnance du général d'Allonville, commandant une brigade de cavalerie. En 1855, il est attaché au 3e régiment de chasseurs et rejoint le régiment des lanciers de la Garde Impériale vers 1857, peu de temps avant de recevoir la croix d'officier de la Légion d'Honneur.

Biesse est promu Lieutenant Colonel le 7/3/1861 au 10e régiment de cuirassiers. Il meurt dans ces fonctions en 1862.

 


René Augustin Galand de Longuerue

Né le 3/6/1808 à Anse Bertrand (Guadeloupe), il fait Saint Cyr en 1826. Sorti 33e sur 138, il entre à l'école de Saumur en 1828 et en sort 2e sur 28. Nommé Sous lieutenant en 1830 au 1er Cuirassiers, il fait la campagne de Belgique (1831-1832)

Lieutenant en 1834, puis Capitaine en 1840.

Chef d'escadron en 1848, il est nommé au 8e Cuirassiers et devient chevalier de la Légions d'Honneur en 1849.

Lieutenant Colonel en 1853 au 1er régiment de Carabiniers. En mai 1854, à la création du régiment des cuirassiers de la Garde, il y est nommé commandant en second. Il est nommé Commandeur de l'ordre de Léopold (Belgique)

Colonel en 1857, il prend la tête du 10e régiment de cuirassiers. Il est successivement officier (1860), puis commandeur de la Légion d'Honneur (1863).

Promu Général de Brigade en 1866, il commande une brigade de cavalerie à Luneville, puis en 1870 la subdivision de Seine et Oise. En septembre 1870, il met sur pied et commande la 1er brigade de la division de cavalerie du 13e CA. il est alors nommé Général de Division en 1870. Il commande successivement la division de cavalerie du 17e CA, puis du 15e CA qui est licenciée en mars 1871. En aout il prend le commandement de la division de cavalerie de Bordeaux, mais il décède en septembre avant d'avoir rejoint son poste.

Photo Disderi (Paris)
     


   

Nicolas Marie Ambroise Pollard

Né le 16/10/1815 à Lannion. Il s'engage à l'école de cavalerie le 29/10/1833 et y sert durant deux ans. Le 1/4/1836, il est nommé maréchal des logis au 2e régiment de chasseurs. Il y est promu Sous Lieutenant le 14/4/1844.

Lieutenant en avril 1847, il fait campagne en Afrique durant 18 mois et est promu Capitaine le 30/9/1851. En septembre 1852, il est nommé officier instructeur à l'école de Saumur, puis ecuyer le 5/2/1853. Il y recoit la croix de la Légion d'Honneur en décembre 1853.

Promu Chef d'escadrons le 24/12/1858, il est nommé au 10e régiment de cuirassiers.  Il exercera les fonctions de major du régiment entre 1858 et 1863 (grade dans lequel il est ici photographé, comme l'indique sa grosse épaulette portée sur son épaule droite), puis chef d'escadrons en avril 1863.

En avril 1864, il est placé hors cadre et envoyé en mission militaire en Egypte comme adjoint du Colonel Mircher. Il y est promu Lieutenant Colonel le 12/8/1868, ainsi qu'officier de la Légion d'Honneur. En 1868, la mission terminée, il revient en France, au 8e régiment de dragons. C'est dans ce grade qu'il débute la guerre de 1870.

Le 24/9/1870, il est nommé Colonel du 6e régiment de Lanciers et général de brigade à titre auxiliaire en fevrier 1871. Remis colonel par la commission de révision des grades après la guerre, il prend le commandement du 8e régiment de chasseurs à cheval.

Il est retraité le 23/12/1875, commandeur de la Légion d'Honneur. Il meurt en 1887.

.

Photo Defonds-Bousseton


Pierre Louis Léon de Lascous

 

Né le 2/6/1830 à Trelissac (Dordogne), c'est le fils d'un officier de cavalerie. Saint Cyrien en 1848, il est classé 21e de sa promotion, puis suit les cours de l'école de Saumur dont il sort classé 3e.
Il fait la première partie de sa carrière au 10e régiment de cuirassiers, et y est promu Capitaine le 25/1/1860. Il est ici photographié à Luneville en juin 1864.

Engagé durant la guerre de 1870, à Rezonville, en août 1870, il commande le 1er escadron du régiment qui charge contre la cavalerie prussienne du général Bredow. Ses états de service signalent "A entrainé son escadron à la charge avec la plus grande vigueur. S'est brillament comporté. Est parvenu à se dégager d'un groupe de cavaliers prussiens après avoir reçu plusieurs blessures".
Dans cette action, il est blessé d'un coup de lance au visage et d'un coup de sabre au bras. Il reçoit la croix de la Légion d'Honneur à cette occasion.

Compris dans la capitulation de Metz, il revient en France et est promu Chef d'escadrons en juin 1872 et passe dans l'arme des dragons. Il est détaché à l'état major du ministre de la guerre entre mars 1876 et juin 1879.

Le 7/6/1879, il est promu Lieutenant Colonel du 8e régiment de chasseurs et officier de la Légion d'Honneur en 1885.

Retraité la même année, il est mort le 12/7/1891.

C'est le frère ainé de Claude Antoine, officier de cavalerie, qui avait lui aussi chargé en 1870.

Photo Langrené (Luneville)


  

Charles Robert Joseph Tascher de la Pagerie

Né le 14/2/17 à Vauclin sur l'île de la Martinique, c'est le cousin issu de germain de l'impératrice Josephine.

Il est nommé Lieutenant le 27/4/1846 au 6e Lanciers

Promu Capitaine le 10/7/1851, il passe au 2e régiment de Spahis et sert en Algérie. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 30/12/1857. En 1860, il commande un escadron du 2e Spahis durant l'expédition de Syrie. Il en revient décoré de l'ordre du Mejidié.

Il est promu Chef d'Escadrons le 18/10/1865 et rejoint le 10e régiment de cuirassiers où il est nommé officier de la Légion d'Honneur le 31/7/1867.
Il fait la guerre de 70 dans cette position. Dans ses souvenirs de guerre ("L'agonie d'une armée") le Lieutenant Farinet a relaté quelques traits du caractère du commandant Tascher : "Celui qui s'agitait le plus, se transportant pendant la route d'une tête de colonne à l'autre, sans qu'aucun chef ne le maintint en place, c'était le commandant Tascher de la Pagerie, chef d'escadrons au 10e cuirassiers. Il était de la famille impériale, mais en disgrâce et tenu à l'écart pour cause d'excentricité, ou d'autres motifs qui ne concernaient que lui. Dans l'intimité, il se flattait de tutoyer son cousin, le prince Murat, mais dans le service, il savait se tenir et l'appelait "mon général". Ce dernier, tout en se montrant plein de bienveillance pour lui, l'évitait autant que possible, c'était visible pour tous. Officier jovial, peu sérieux, nos soldats s'en amusaient." 

Mis en non activité le 30/8/1871, il est mort sans postérité en 1888.

Photo Disdéri (Paris)

Les colonels du 10e cuirassiers

Retour