Charles Louis Du Pin, né le 29/12/1814 à  Lasgraisses (Tarn)

Photo Pesme (Paris)

 

Fils de Pierre Paul Charles Louis Du Pin, maire du village et de  Marie Sophie Genton de Villefranche. Après son baccalauréat à 17 ans, il monte à Paris pour préparer le concours d'entrée à l'Ecole Polytechnique et il y sera reçu 63è sur 136. Nommé Sous Lieutenant en 1836, il fait l'école d'état major d'où il sort second.

Promu Lieutenant le 1er Janvier 1839, il est employé au service de la carte de France et parfait sa formation de topographe.

Fait Capitaine le 2/12/1842, il est envoyé l'année suivante en Algérie où il commença à se distinguer. En particulier, lors de la prise de la smala d'Abd-el-Kader le 16 Mai 1843, il sauve la vie du colonel Morris, commandant alors le 4e régiment de chasseurs d'Afrique. Cet épisode est illustré dans le célèbre tableau d'Horace Vernet.


Détail du tableau d'Horace Vernet
Le capitaine Dupin sauve la vie du colonel Morris

Lors de son second séjour en Algérie (1844-1847), il est fait chevalier de la Légion d'Honneur pour son attitude au combat de Flissas el Bahr (le 28/10/1844) et reçoit deux nouvelles citations le 7/3/1846 (combat de Ben Nahr) et le 13/3/1846 (combat de Mengren).

Revenu en France, il est aide de camp du général Marey-Monge, puis nommé Chef d'escadron le 22/12/1851. Retourné en Algérie en 1853, il y reçoit le croix d'officier de la Légion d'Honneur en juillet 1854.

Durant la guerre de Crimée, Dupin exerce plusieurs fonctions d'état major et est promu Lieutenant Colonel le 19/9/1855 après la prise de Malakoff. Officier de valeur au feu, son comportement privé commence à alarmer ses supérieurs. Alors que revenu de Crimée il exerce des fonctions d'état major à Lyon, ses dettes de jeu le font muter en Corse, comme chef d'état major de la division militaire : première disgrace, il y en aura d'autres...
Le commandement répugne néanmoins à se séparer longtemps de cet officier, si efficace en campagne et, durant la campagne d'Italie, il est chef d'état-major de la division de cavalerie du 1er corps d'armée. Revenu alors en grâce, il est nommé le 17/11/1859 chef du service topographique du corps expéditionnaire de Chine. Là encore son efficacité fait merveille. Il se distingue dans plusieurs reconnaissance où il manque d'être enlevé et il est aussi cité à la prise des forts du Peï-Ho (21/8/1860). Promu Colonel (le 7/11/1860), il réalise ensuite une mission au Japon, et de ce séjour, il en publiera un livre en 1868.
Mais les défauts de son caractère resurgissent à nouveau. Il est accusé d'avoir livré des documents officiel ayant permis la rédaction d'un livre critique contre le commandement du corps expéditionnaire (voir de l'avoir écrit lui même sous un pseudonyme) et il est alors muté disciplinairement à Lyon. La suite est racontée par du Barail dans ses inimitables "Souvenirs" : "II rapporta du pillage du Palais d'été beaucoup de précieux souvenirs dont il ne fit pas mystère, car de nombreux amateurs, admis à visiter sa collection d'objets d'art, admirèrent le goût artistique qui avait présidé à sa formation. Mais ce soldat avait des défauts soldatesques assez nombreux. Il était comme les compagnons de Robert le Diable à l'Opéra ; il aurait pu chanter avec eux « Le vin... le vin, le vin, le jeu, les belles. Voilà... voilà... voilà mes seules amours ». Il ne pouvait pas résister à la vue d'une carte, et ce défaut mignon le jetait dans des alternatives de bonne et de mauvaise fortune ; tant et si bien qu'un jour, il eut l'idée de réaliser sa collection et l'inconscience d'en faire annoncer la vente par les journaux. Ce fut un scandale énorme dont on profita pour représenter comme de simples pillards les conquérants de Pékin. Et, sous la pression irrésistible de l'opinion publique, Dupin fut mis en retrait d'emploi"

Le declanchement de la campagne du Mexique le remet de nouveau en selle. Par ses relations il obtient, sur décision ministérielle du 15 Août 1862, d'être chargé de l'organisation de l'armée impériale mexicaine et il s'embarque le 25 Août à Cherbourg. Le général Forey, commandant en chef du corps expéditionnaire, séduit par la personnalité et l'efficacité de Du Pin, lui confie alors l'organisation de la contre-guérilla dans les terres chaudes le 13/2/1863. Il va faire merveille, grâce à sa science du terrain, sa technique d'engagement et son peu de respect pour les règles classiques de la guerre. Sa troupe se compose ainsi d'individus venant de divers horizons, avec de multiples nationalités, et dont l'effectif passa d'une centaine d'hommes en Mars 1863 à 650 le 11 Avril 1865. Ses methodes expéditives et sauvages contre la guerilla mexicaine ont une certaine efficacité, mais ne contribuent pas à redorer son blason auprès d'officiers plus conventionnels. Sa tenue attire aussi l'attention (uniforme rouge à brandebourgs, revolver à la ceinture, cigare au bec...) tout autant que ses colonnes infernales, redoutées des libéraux, multipliant les coups de main, exécutant les prisonniers, brûlant les villages soupçonnés de connivence avec les juaristes, éliminant les civils suspects. 

                                                                                                             

                                                                                                             

"Je le revois encore, dans l'uniforme éclatant et bizarre qu'il avait adopté : un dolman rouge, ouvert, flottant sur la chemise de flanelle et orné de cinq galons d'or de colonel, dont le noeud hongrois recouvrait les deux manches ; une large culotte blanche qui se perdait dans des bottes montant jusqu'au genou, et le sombrero mexicain de feutre gris clair, aux vastes bords plats, historiés comme une mitre d'évèque, garnis de pampilles, dont la coiffe était ornée d'un énorme bourdaloue d'or " (du Barail - de nouveau...)


En Mars 1864, on lui confie le contrôle de l'état du Tamaulipas, et la contre-guérilla française s'embarque à Vera Cruz pour Tampico ; il continue dans sa tactique qui avait si bien réussi dans les terres chaudes. "Dupin était une espèce de condottiere du 16e siècle, un capitaine d'aventures qui aurait fait pousser des cheuveux blancs à tous les comptables, mais qui était superbe à la tête de ses enfants perdus, véritables types de de brigands qui eussent détroussé le voyageur, s'ils n'avaient pas trouvé plus d'avantages à détrousser ceux qui détroussaient les voyageurs" (du Barail - encore...).
Remis en activité hors cadre, il est fait commandeur de la légion d'honneur (le 26/12/1864), et cité à l'ordre du corps expéditionnaire.
Opposé à l'empereur Maximilien, mis en cause pour ses pillages, il est temporairement relevé de son commandement et renvoyé en France en Avril 1865, mais y revient en janvier 1866, blanchi de ses accusations.

Rentré en France en 1867, on lui confie le poste de chef d'état-major de la division de Montpellier. "Là je le revis encore ; mais il n'était plus que l'ombre de lui même. Le climat meurtrier des terres chaudes dont il n'avait pas songé à combattre les effets terribles par une sage conduite, avait fait son oeuvre. Et ce héros, se survivant à lui même, attendait, en se trainant péniblement, la mort qui allait apparaître" (du Barail - toujours...).
Il meurt le 3 Octobre 1868, avant ses 54 ans, usé par ses campagnes et les excès de toutes sortes.

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