L'AFFAIRE DREYFUS

 
Elément central de la vie politique française du tournant du siècle, l'affaire Dreyfus est d'abord une affaire de militaires. Des tonnes de livres ont été ecrits sur cette passionnante affaire, qui n'est ici que brièvement abordée, sous ses aspects militaires exclusivement.
 
L'homme avant l'affaire
 
Né en Alsace le 9/10/1859, d'une famille aisé d'industriels juifs, Alfred Dreyfus reste français après le traité de Francfort qui enlève l'Alsace à la France après la guerre de 70.
Elève moyen à Polytechnique de 1878 à 1880 (il en sort 128e sur 235), il choisit de poursuivre la carrière des armes dans l'artillerie et suit les cours de l'école d'application de l'artillerie à Fontainebleau. Nommé lieutenant en 1882, il rejoint le 31e régiment d'artillerie, puis est nommé capitaine en 1889 à l'école de pyrothechnie de Bourges.
Officier bien noté, il se distingue par son intelligence et ses connaissances techniques et réussit le concours de l'école de guerre en 1890. Après un parcours brillant, il en sort à la neuvieme place, ce qui le rend apte à rejoindre l'état major de l'armée pour y effectuer son stage. Une carrière prometteuse s'ouvre devant lui.
 

Alfred Dreyfus
Capitaine au 14e rgt d'artillerie
Photo Gerschel (Paris)

 

La promotion de Dreyfus à l'école de Guerre lors d'une visite d'état major

 

Alfred Dreyfus

 
L'affaire, le procès et la déportation
 
En 1894, le service de contre espionnage français (la section de statistique de l'état major général de l'armée) obtient à l'ambassade d'Allemagne un document (le bordereau) prouvant que des documents ont été livrés par un officier de l'armée française à l'attaché militaire allemand Von Schwartzkoppen.
 

Von Schwartzkoppen
Photographié en 1893 lors
de manoeuvres en France

Après une enquête baclée et à charge, sur instruction du général Mercier (ministre de la guerre) et de l'état major fortement teinté d'antisémitisme, les soupçons se portent sur Dreyfus, qui est arrété et passe en conseil de guerre.

Auguste Mercier, ministre de la guerre en 1894.
Officier républicain, Mercier va vouloir profiter politiquement de l'affaire.
Il rejoint alors le camp nationaliste et sera jusqu'à sa mort un adversaire acharné de Dreyfus.

Henri d'Aboville
Colonel chef du 4e bureau de l'état major de l'armée
en 1894, c'est lui qui reconnait l'écriture de
Dreyfus sur le bordereau, qui lancera l'accusation

 

 
Deux membres du conseil de guerre de 1894
 

Le colonel Echeman
Pris en photo en 1867 alors qu'il est
Lieutenant à la légion d'Antibes

Le capitaine Freystatter
Lors du procès en révision, il reconnaitra avoir
été trompé par les faux, communiqués hors
séance du premier conseil de guerre
Photo Gerschel (Paris)

 
 
 
Lors du Conseil de guerre de décembre 1894, Alfred Dreyfus est condamné sans preuves, sur la base d'un faux document communiqué illégalement au jury, à la déportation en Guyanne. Il va y passer cinq ans dans des conditions épouvantables.
 
 
La lutte pour la réhabilitation
 
En juillet 1895, Georges Picquart, un officier brillant, est nommé à la tête de la section de statistique. Après enquête, il découvre que Dreyfus est innocent et que le borderau a été rédigé par un autre officier, le commandant Esterazy.
 

Georges Picquart

 
Picquart ne parvient cependant pas à obtenir de l'état major la reconnaissance de cette innocence. L'affaire est alors mise sur la place publique et Picquart est chassé de l'armée et mis en réforme. L'affaire devient dès lors un affaire d'Etat qui va durablement marquer la vie politique française, en opposant violament la gauche dreyfusarde à la droite, attachée à l'infaillibilité de l'état major.
 
Après l'annulation du premiers procès de 1894 par la cour de cassation, Dreyfus est jugé de nouveau lors du conseil de guerre de Rennes en 1899, puis à nouveau condamné, les membres du jury jugeant par ordre. Gracié par le Président de la République, Dreyfus sera finalement innocenté lors du jugement final de la cour de cassation en 1907.
 
Réhabilité et réintégré dans l'armée française, sa carrière est cependant terminée. Picquart en revanche a été réintégré dans l'armée en préservant son avancement. il deviendra ministre de la guerre.
 
Cette affaire va entrainer une méfiance durable entre l'armée et la classe politique, origine en partie de l'affaire de fiches.
 

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